J'ai commencé ma carrière en tant que juriste et responsable RH à l'ONU, et j'ai moi-même opéré un changement de cap en quittant mon statut de fonctionnaire internationale. J'avais envie de mettre plus de sens, plus de joie dans ma vie pro, et d'accompagner les personnes à trouver leur place au travail.

Ce n'est pas évident de se réinventer, c'est même parfois vertigineux ! Ça implique de se remettre en question, d'identifier ses aspirations profondes, les options, les contraintes, de faire face aux jugements et critiques de l'entourage… Ce sujet me passionnait tellement que je me suis formée au coaching pendant 18 mois.

Puis j'ai commencé, assez naturellement il y a 6 ans, à accompagner les transitions, qu'elles soient choisies ou subies : prise de poste, reconversion, reprise après un long congé, etc. Oui, j'accompagne les managers et dirigeants, le plus souvent des profils multiculturels, en séances individuelles ou en collectif, à mon compte ou en collaboration avec des partenaires de choc comme Ludovic Sabatier et Autrement Formations !

Chaque situation est différente, en fonction des exigences du milieu pro, de la personnalité et de la situation de chacun. On connaît tous des phases difficiles au travail, à cause d'une charge trop importante, de relations toxiques, de mauvaises conditions de travail, de directives qui paraissent absurdes…

Prendre sur soi pendant un temps en espérant que cela s'arrange, c'est l'attitude la plus courante. Mais combien de temps, et à quel prix ? Il n'y a pas une réponse unique. Chacun décide en fonction des enjeux, en son âme et conscience. Ou ne décide pas, ce qui est déjà en soi une décision !

D'autres questions à creuser : suis-je le ou la seule dans ce cas ou le problème est-il plus global ? ai-je suffisamment essayé d'améliorer les choses à mon niveau ? y a-t-il d'autres leviers à activer ? quels sont les risques si je reste, les bénéfices ? et si je pars ? quelles seraient les options pour la suite ?

Selon moi il n'y a pas forcément un moment déterminant, mais un faisceau d'indices à observer :

• Externes : un dysfonctionnement majeur dans la structure, une trop grande difficulté à évoluer ou à faire bouger les choses…

• Internes : un manque d'entrain qui persiste, la boule au ventre le matin, les émotions à fleur de peau, les ruminations… ou tout simplement la motivation grandissante pour un autre projet !

Quand un ou plusieurs de ces signaux persistent, à chacun de s'interroger et de se faire éventuellement aider pour y voir plus clair et avancer. J'ai découvert lors de ma propre reconversion que mon corps était un GPS très utile ! « Écouter son corps chuchoter pour ne pas l'entendre crier », dit l'adage… L'écoute du corps, de l'intuition, a son importance dans le process de transition. Nous ne sommes pas un mental sur pattes, tout n'est pas rationnel dans nos choix de vie, et c'est tant mieux.

Je ne sais pas si on peut parler de courage, car c'est parfois une nécessité, une évidence. Après, bien sûr, quitter une voie toute tracée suppose d'affronter ses peurs, ses freins, de les regarder en face.

Le mieux est selon moi d'avancer step by step, pour ajuster progressivement le cap et gagner en confiance. Il n'y a pas de secret : avancer dans sa transition pro implique de passer à l'action, sans attendre que toutes les conditions soient réunies ou qu'on vienne nous chercher.

J'invite souvent les coaché·e·s concernés à s'inspirer de personnes audacieuses, qui ont comme tout le monde des peurs et des vulnérabilités, mais qui y vont quand même, qui prennent des risques, plus ou moins mesurés ! Et qui assument leurs choix.

• Faire un tableau prévisionnel réaliste de vos finances pour les deux prochaines années, en fonction des différentes options envisagées.

• Vous renseigner sur vos droits et obligations légales si vous êtes encore en poste.

• Vous documenter (lectures, podcasts) pour faire émerger et affiner votre projet.

• Vous autoriser à rêver !

• Prendre conscience qu’il n’y a pas de job idéal en soi et que tout changement implique des deuils et renoncements.

• Faire des tests sur un échantillon réduit, si applicable à votre projet.

• Commencer par changer certaines choses à petite échelle, pour créer de nouvelles habitudes.

• Échanger avec des personnes de tous horizons pour enrichir sa réflexion (la plupart adorent raconter leurs parcours).

• Bien s'entourer, chercher du soutien si besoin pour nourrir son projet, rejoindre des cercles professionnels.

• Se permettre aussi des moments de rien, de vide, qui peuvent se révéler fertiles !

Si vous ne franchissez pas le cap, peut-être avez-vous une bonne raison ? Et dans le cas contraire, qu'est-ce qui vous en empêche exactement ? Au final, les réponses sont en vous, d'où l'importance de vous poser les bonnes questions…

Plutôt un point d'attention qu'un conseil : rappelez-vous que vous n'êtes pas seul·e ! Selon le baromètre CentreInffo, en 2025, il y aurait 35 % des actifs français qui pensent changer d'emploi dans les deux ans. Savoir qu'on est très nombreux à vouloir rebattre les cartes de sa vie pro, c’est peut-être compliqué à gérer pour les dirigeants et les RH, mais à titre individuel ça permet de relâcher un peu la pression.