Éric Muchery - Atelier "Je sais gérer mon stress"

Éric Muchery, ancien pilote de chasse et chef de la célèbre Patrouille de France, vous livre aujourd'hui les secrets de la gestion du stress. Éric met à profit son expertise et ses compétences au service des leaders performance Leroy Merlin pour leur permettre de se développer.

Apprendre à connaître son stress et avoir les clés pour le gérer, c'est en faire un allié.

Bonjour ! Qui es-tu ?  

Bonjour ! Je m'appelle Éric Muchery et je suis un ancien pilote de chasse. J'ai été pilote de chasse pendant 35 ans, donc lieutenant-colonel quand j'étais encore en service, et puis j'ai beaucoup travaillé à l'étranger. J'ai servi dans les armées de l'air, au Maroc, aux Émirats arabes unis et puis j'ai fini ma carrière en étant directeur adjoint de la Patrouille de France et puis aussi instructeur sur Mirage 2000. Et j'ai eu la chance de voler jusqu'au dernier jour, donc jusqu'à la veille de mes 56 ans, ce qui est, pour moi, une grande fierté.

 
Que fais-tu chez Autrement Formations ?

Chez Autrement Formations, je ramène mon expertise et mon expérience de pilote de chasse et tout ce que j'ai appris pendant ces 35 ans pour le mettre au service des entreprises, pour le mettre au service des managers, des consultants ; de toutes les personnes qui ont besoin de mieux décider, de conduire des projets. Et pour ça, je me sers de ce qu'on m'a appris dans l'armée de l'air, c'est-à-dire, prendre des décisions rapides, mettre en place des processus pour se protéger des mauvaises décisions (qui, dans notre métier, sont souvent tragiques) et puis pour conduire des projets comme on conduit des missions aériennes où il faut emmener ses équipiers, ses collaborateurs, réaliser la mission, atteindre l'objectif, ramener tout le monde en vie, en tout cas, en bonne condition sur la base.

 
Selon toi, le stress est un faux ennemi, ça veut dire quoi ?

Eh bien, le stress est un faux ennemi parce qu'on a tendance à considérer que le stress nous fait perdre nos moyens. Or, le stress, en fait, a été inventé par la nature pour nous rendre plus performants, pour nous soustraire à une menace, à un danger, pour nous permettre de survivre. C'est un phénomène naturel, un phénomène biologique qui exacerbe nos sens, qui nous rend plus performants, nos muscles sont plus nourris, on a plus d'oxygène, plus de sucre, notre cœur bat plus vite... donc on est au top de la performance jusqu'à un certain niveau de stress. Évidemment, si on dépasse ce niveau, le "breakout point" comme on dit pour parler un peu en anglais, le niveau de performance s'effondre brutalement. Et c'est ce qu'on appelle le "mauvais stress", c'est-à-dire quand le stress est trop important, on est comme le lapin dans les phares de la voiture, incapable de bouger, incapable de réagir.
Le but de ces formations sur le sujet du stress, c'est bien de comprendre ça et d'essayer d'avoir les outils pour rester dans le haut de cette courbe qui nous rend plus performants que dans notre état normal, de ne pas basculer dans le stress négatif et évidemment, de comprendre ce qu'est le stress chronique, qui est un vrai danger pour la santé (de s'en protéger en comprenant l'origine du stress et en mettant en place des solutions).

 

C'est quoi le discernement ?

Si vous voulez savoir ce qu'est le discernement, regardez mon TEDx que j'ai fait sur le sujet, c'est 18 minutes ;)
Non, le discernement, c'est la capacité à percevoir l'environnement, à comprendre l'environnement et à prendre les décisions liées à cette compréhension de l'environnement. Cette boucle "perception, compréhension et projection dans l'avenir pour prendre une décision", c'est la boucle qui est nécessaire à toutes les décisions et notre vie n'est faite que de décisions. Si vous vous levez le matin, c'est parce que vous avez décidé de vous lever et de ne pas rester au lit, vous avez décidé d'aller prendre votre douche plutôt que de rester crade et de ne pas être présentable. Voilà, la vie, c'est une succession de décisions, donc en fait, le discernement, c'est ce qui vous permet de prendre la décision la plus pertinente. J'allais dire la meilleure décision, mais je préfère dire la décision la plus pertinente parce que vous aurez une meilleure perception, une meilleure compréhension. Je ne veux pas parler d'objectivité parce qu'en fait, je ne crois pas qu'on puisse être objectif, mais je vais parler de subjectivité honnête en connaissant les biais qui nous empêchent d'avoir une bonne compréhension de l'environnement. Et puis ensuite, la projection, c'est tout ce que vous connaissez, tout ce qui vous permet de vous projeter et donc de prendre la bonne décision.

 
Quels sont les principaux obstacles au discernement ?

Les principaux obstacles au discernement, (pour moi, car c'est ma conception personnelle et elle n'engage, évidemment, que moi), c'est d'abord :

­- L'ego : l'ego, c'est un très très dangereux ennemi du discernement parce qu'il nous donne une perception complètement erronée de l'environnement et une perception encore plus erronée.

- La peur : la peur est aussi un ennemi qui nous empêche de réagir, la peur qui tétanise.

- Les biais cognitifs : il faudrait des heures pour tous les énumérer. Il y a plus de 120 biais cognitifs, mais les biais de groupe sont bien connus : le biais de confirmation, le biais d'autorité, etc.

Tout ça, ça nous empêche de faire preuve de discernement. Encore une fois, dans les ateliers, on travaille là-dessus pour essayer de comprendre ces obstacles au discernement. Et je ne dis pas qu'on peut s'en protéger complètement, mais en tout cas, les avoir identifiés et mis un mot dessus, ça nous permet de s'en protéger un peu.

Un conseil pour ceux qui ont du mal à gérer leur stress ?

Un conseil pour ceux qui ont du mal à gérer leur stress, c'est d'appliquer des méthodes de technique d'optimisation du potentiel, les TOP. Ce sont des techniques qui sont basées sur la PNL, la relaxation, la respiration et ça permet, en appliquant simplement une toute bête respiration relaxante, ça permet de redescendre au niveau de stress optimum qui nous permet d'être plus performant. Donc ça, il faut faire quelques ateliers et on apprend rapidement à se mettre dans la position idéale pour se relaxer un peu, pour faire redescendre son niveau cardiaque. En respirant calmement, on arrive à prendre conscience de son stress et à le faire descendre au bon niveau.

Pour finir, peux-tu nous raconter une anecdote, un moment où tu as dû gérer ton stress et comment tu as fait ? 

Euh oui, enfin il y en a beaucoup. En mission opérationnelle, en mission de "guerre" (comme on dit), on a souvent des moments où on dépasse pas mal ses limites parce qu'on veut aller au bout de la mission, parce qu'il y a souvent des personnes qui dépendent de nos gestes, de nos actes. Et je me souviens d'une mission en Bosnie où on protégeait des gens au sol et l'engagement est tel qu'on finit par un peu overshooter les limites. Il faut parfois se recentrer et se dire "ok, là, stop, parce que je suis en train d'overshooter tout ce que j'ai su faire jusqu'à maintenant et je me mets en danger et si je me mets en danger moi, je ne pourrai plus être efficace pour les gens que je dois protéger". Donc il s'agit d'être bien conscient de ça et de pouvoir revenir aux bases et puis ramener l'avion en ayant sauvé les gens qui sont au sol dans les meilleures conditions. Et une fois, ça m'est arrivé d'overshoot un peu ces limites et je suis rentré avec très très très peu d'essence dans l'avion (on dit "sur les valeurs" nous). C'est un niveau de stress important parce qu'on passe notre temps à calculer la distance qu'il nous reste à parcourir, est-ce qu'on va avoir assez d'essence, est-ce qu'on pourra se poser, est-ce qu'on va y arriver... donc j'avais vraiment overshoté mes limites ce jour-là.