Vous en avez sûrement entendu parlé, la gouvernance partagée résonne comme une promesse d'un meilleur collectif. Mais que signifie-t-elle ? Pourquoi est-elle liée à la Communication Non Violente ? Marion Cabridens y répond.

Comment définirais-tu la gouvernance partagée ?

La définition est complexe mais je dirais qu’il s’agit d’un modèle organisationnel qui permet de distribuer les responsabilités et les prises de décision aux endroits les plus adaptés de l’organisation. Autrement dit : elle vise à réduire ou supprimer la concentration des pouvoirs entre les mains d’un petit nombre de personnes pour les répartir parmi celles qui réalisent le travail. La gouvernance partagée ne doit pas se comprendre uniquement comme une remise en cause des rapports hiérarchiques. Elle correspond aussi à un autre mode de management, davantage tourné vers la coopération, les rapports humains et la responsabilisation.
Cela ne veut pas dire que tout le monde décide de tout, mais plutôt que chacun décide à la place qui est la sienne.

L’Université du Nous parle du triptyque : Horizontalité, Verticalité,  Profondeur que je trouve très juste.

Horizontalité :
C’est la capacité à décider collectivement, à coopérer et vivre des relations d’équivalence.

Verticalité : 
C’est la souveraineté dans son rôle et les responsabilités qui nous incombent, l’autonomie à prendre des décisions seul ou en collectif.

Profondeur :
C’est la capacité à être soi-même, à prendre soin de ses relations, à poser une parole authentique, à grandir en conscience de soi et de ses relations.

En quoi est-elle liée à la Communication Non Violente ?

La gouvernance partagée n’est pas forcément liée à la communication non violente. Toutefois, ce système invite à oser dire, s’affirmer, être soi, être à l’écoute de soi des autres dans des relations d’équivalence. Dans cet axe « profondeur », c’est la posture notamment qui est appelée a changé : masques sociaux et conditionnements à regarder et à dépasser.
Aussi, la communication non violente va favoriser l’axe horizontalité/posture, c’est à dire la prise en compte de ses émotions, de ses besoins, de ceux des autres et la capacité à formuler des demandes concrètes.
C’est un outil qui permet de sortir des relations dysfonctionnelles au travail qui entravent les dynamiques de coopération.

Tu animes un atelier gouvernance partagée avec Sufrider, que leur permet-il ?

J’accompagne Surfrider à différents niveaux sur ces enjeux de gouvernance partagée en formant des collaborateurs qui découvrent ce modèle et d’autres qui y sont beaucoup plus aguerris et qui eux-même font partis d’un groupe de facilitateurs en interne. Les ateliers traitent différents sujets : de l’utilisation d’outil d’intelligence collective comme les chapeaux de Bono, à la mise en pratique de réunion de gouvernance avec les outils holacratiques en passant par des questionnements plus profonds sur la posture avec l’analyse transactionnelle par exemple.

source : apprentie-girafe.com

Les participants parlent du jeu du chacal et de la girafe, qu’est-ce que c’est ?

C’est un exercice que l’on a pu pratiquer dernièrement sur une séquence de communication non violente. C’est Marshall Rosenberg qui est un des fondateurs de la Communication Non Violentente (CNV) qui a établi ce concept du chacal et de la girafe qui semble enfantin mais qui est très puissant.
La girafe est un des mammifères qui a le plus gros cœur, symbole d’amour, et le plus long cou qui lui permet de prendre de la hauteur. Le mode girafe c’est quand nous sommes à l’écoute de nos émotions, de nos besoins, de ceux des autres, que nous savons prendre de la hauteur et du recul et être bienveillant envers nous même et envers les autres. Et ce notamment dans les situations difficiles.
Le chacal lui est dans la réaction immédiate, sans prise de hauteur. C’est le mode jugement, il utilise la critique, le déni de responsabilité, la pensée binaire : c’est bien, c’est mal.
C’est deux modes co-existent en nous et ce jeu permet de les identifier, de les questionner, de les analyser et de choisir le mode le plus adapté…

Un déclic qui a changé ta posture dans la CNV ? 

Beaucoup de déclics. Oui ! (rires)
Avec la CNV, notamment avec les lectures de Marshall Rosenberg Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs et de Thomas d’Asembourg Cessez d’être gentil soyez vrai. Cela permet de réduire considérablement sa charge mentale, de nommer précisément les émotions qui nous traversent et de débusquer les besoins derrière ces émotions pour être en mesure de les satisfaire et de s’épanouir. Cela permet d’être en capacité de dire et de s’affirmer de la bonne façon et au bon moment. A vrai dire, j’utilise la CNV dans mon quotidien, au niveau professionnel mais aussi personnel.